EN QUELQUES MOTS
La fraude au compteur kilométrique — aussi appelée compteur bidouillé, remis à zéro ou voiture maquillée — touche jusqu’à 15 % des véhicules d’occasion.
Cette triche permet à des vendeurs malhonnêtes d’augmenter artificiellement la valeur d’une voiture, entraînant pour l’acheteur une perte financière, des pannes prématurées et des risques pour la sécurité.
Pour éviter une annonce mensongère, il faut se méfier, contrôler minutieusement l’état intérieur, déceler les incohérences dans l’historique (carnet, factures, Histovec, Odopass) et, en cas de doute, demander un diagnostic électronique.
Si une manipulation frauduleuse est prouvée, l’acheteur peut dénoncer la fraude, agir en justice (civil ou pénal) et obtenir l’annulation ou une réduction du prix. Bien connaître ces méthodes est essentiel pour se protéger efficacement et acheter en toute confiance.
Comprendre la fraude au compteur kilométrique
Cette tricherie sur le kilométrage, parfois appelée compteur bidouillé ou remis à zéro, est une arnaque courante dans les annonces mensongères du marché de l’occasion.
Chaque année en France, près de 600 000 véhicules d'occasion sont vendus avec un compteur trafiqué. Soit 1 voiture sur 10.
Cette arnaque vous coûte en moyenne 2 000 à 3 000 euros de surpaiement. Voici comment vous protéger.
Pourquoi les compteurs sont trafiqués et combien cela coûte aux acheteurs
La fraude au compteur kilométrique consiste à modifier artificiellement l’affichage du kilométrage d’une voiture afin de le faire paraître moins usé qu’il ne l’est réellement.
Cette manipulation est généralement réalisée pour tromper l’acheteur et permettre au vendeur d’augmenter illicitement la valeur du véhicule sur le marché de l’occasion.
Un véhicule affiché à 80 000 km mais ayant réellement parcouru 150 000 km vous fera perdre entre 2 000 et 5 000 euros selon le modèle.
Cette survalorisation artificielle fausse complètement votre investissement.
Les techniques de falsification peuvent être mécaniques ou électroniques, et la pratique reste difficile à détecter sans un examen attentif de l’historique de la voiture et des signes d’usure contradictoires.
Des chiffres qui font froid dans le dos : ampleur de la manipulation en France
- 10 à 15% des voitures d'occasion sont concernées en France (Source : Odopass)
- Ce pourcentage double pour les véhicules importés (jusqu'à 30%)
- Coût moyen d'un équipement de fraude : moins de 200€
- Temps nécessaire pour trafiquer un compteur moderne : 10 minutes
Conséquences financières et perte de valeur du véhicule
Un compteur trafiqué provoque une importante dépréciation de la valeur réelle du véhicule, car l’acheteur paie un prix supérieur à la véritable usure et à l’état mécanique du bien.
Cette survalorisation peut entraîner une perte financière significative si la supercherie est découverte ultérieurement, voire une revente à perte lors d’une nouvelle transaction.
La manipulation du kilométrage fausse aussi la cote de la voiture et ruine la confiance dans le marché de l’occasion.
Risques pour la revente et responsabilités légales du vendeur
Revendre un véhicule dont le kilométrage a été trafiqué expose à des poursuites civiles ou pénales, avec des possibilités d’annulation de la vente et de réclamation de dommages-intérêts par l’acheteur lésé.
Il est en effet juridiquement interdit de vendre un véhicule en dissimulant volontairement un kilométrage erroné ; la découverte de cette escroquerie peut aboutir à l’annulation pure et simple de la transaction ou à une lourde sanction pour le vendeur.
De plus, la mention « kilométrage non garanti » ne protège en aucun cas contre ces recours.
Sécurité routière menacée par un entretien insuffisant
Un entretien basé sur un kilométrage sous-estimé compromet gravement la sécurité, car des opérations de maintenance essentielles risquent d’être reportées voire omises.
Cette négligence favorise l’usure prématurée des composants critiques (freins, pneus, courroies…) et augmente de façon notable le risque de pannes graves ou d’accidents sur la route.
Un entretien basé sur un faux kilométrage signifie :
- Courroie de distribution non changée → risque de casse moteur à 130 km/h sur autoroute
- Plaquettes de frein usées au-delà des limites → distance de freinage augmentée de 30%
- Pneus en fin de vie non remplacés → risque d'éclatement
- Suspensions fatiguées → perte de contrôle du véhicule
Ainsi, la fraude au compteur impacte non seulement la fiabilité du véhicule mais également la sécurité de tous les usagers.
Dans les mois suivant l'achat, vous découvrirez des réparations "surprenantes" :
- Embrayage à changer : 800 à 1 500€
- Distribution complète : 600 à 1 200€
- Freins complets : 400 à 800€
- Amortisseurs : 500 à 1 000€
Total potentiel : jusqu'à 4 500€ de réparations non anticipées.
Techniques utilisées pour trafiquer ou falsifier un compteur
Plusieurs méthodes sont utilisées pour fausser le kilométrage d’un véhicule, allant des manipulations mécaniques anciennes aux interventions électroniques modernes.
La fraude peut concerner aussi bien les compteurs analogiques que numériques, et chaque méthode laisse des indices spécifiques que les experts peuvent repérer lors d’un contrôle approfondi.
Odomètre mécanique trafiqué : démontage et alignement truqué
Le trafic d’odomètres se faisait autrefois principalement par démontage de l’instrument mécanique et modification manuelle des rouleaux de chiffres, ce qui pouvait entraîner un mauvais alignement des chiffres ou des traces d’intervention visibles sur le bloc compteur.
Les véhicules plus anciens – à compteurs à rouleaux – restent vulnérables à ce genre de manipulation directe.
Logiciels et outils OBD : la manipulation électronique moderne
Avec la généralisation des odomètres numériques, des logiciels spécialisés et des appareils connectés à la prise OBD (On-Board Diagnostics) permettent de modifier rapidement le kilométrage inscrit dans l’ordinateur de bord du véhicule.
Ces interventions sont discrètes car elles ne laissent généralement aucune marque physique et peuvent s’effectuer en quelques minutes à l’aide d’équipements disponibles en ligne pour moins de 200 €.
Reprogrammation avancée : harmoniser les modules pour masquer la falsification
La reprogrammation consiste à accéder aux mémoires électroniques du véhicule via l’OBD ou directement sur les microcontrôleurs internes pour modifier les données stockées concernant le kilométrage réel.
Ce genre de manipulation requiert des connaissances informatiques et des outils de diagnostic avancés, mais il permet de synchroniser tous les modules affichant la distance parcourue afin d’éviter les incohérences repérables lors de diagnostics professionnels approfondis.
La fraude au compteur s'appuie aujourd'hui sur des méthodes mécaniques (démontage de compteurs à rouleaux), mais surtout sur des outils électroniques qui permettent d'altérer rapidement et discrètement les données du kilométrage réel via la prise OBD ou des modules électroniques.
Comment détecter un compteur kilométrique falsifié ?
Voici comment repérer un compteur kilométrique falsifié et les méthodes de contrôle recommandées :
Signes d’usure incohérents et anomalies visibles
Des indices d’usure incohérents peuvent alerter sur une possible entourloupe.
Un volant lisse, des pédales très abîmées, un pommeau de vitesse effacé ou des sièges affaissés trahissent souvent un usage bien supérieur au kilométrage affiché.
Les chiffres mal alignés sur un compteur mécanique ou les anomalies d’affichage sur un compteur électronique contribuent également à la suspicion de manipulation.

Inspection minutieuse de l’intérieur et des pièces d’usure
Une analyse minutieuse de l’intérieur du véhicule reste essentielle.
L’état des points de contact fréquents (pédales, volant, sièges, levier de vitesse) doit correspondre à un usage normal pour le kilométrage annoncé.
Toute usure prématurée ou excessive est un signal d’alerte.
Vérification du carnet d’entretien et des factures
Un carnet d’entretien régulier, tamponné par les garages et présentant des dates et kilométrages cohérents, est une garantie précieuse.
Attention aux carnets d'entretien incomplets, écrits avec la même encre ou dont les interventions ne correspondent pas à l’état du véhicule.
Analyse de l’historique d'entretien et des réparations majeures
L’historique des interventions majeures (embrayage, distribution, changement de pneus) doit figurer dans les documents du véhicule.
Des réparations précoces ou mal datées par rapport au kilométrage affiché laissent soupçonner une falsification du compteur.
Analyser les factures
Réclamez systématiquement :
- Factures de révisions
- Factures de réparations importantes (embrayage, distribution, freins)
- Factures de pneumatiques
- Procès-verbaux de contrôle technique
Analysez les kilométrages inscrits sur chaque document et vérifiez la cohérence chronologique.
Contrôler les relevés kilométriques avec Histovec
Le rapport public Histovec, accessible via le Ministère de l’Intérieur, retrace tous les relevés de kilométrage lors des contrôles techniques successifs en France uniquement.
Il permet d’identifier les incohérences et les reculs suspects du compteur tous les 2 ans seulement.
Retracer l'évolution du kilométrage réel avec Odopass
L'application Odopass, carnet d'entretien disponible sur smartphone, collecte et certifie chronologiquement l’évolution du kilométrage au fil du temps, en s’appuyant sur les données renseignées par le carnet d’entretien numérique :
- Photos du compteur kilométrique prises tous les mois
- Relevé kilométrique lors des contrôles techniques
- Relevé kilométrique lors des passages en centres auto
Une discordance flagrante peut ainsi être détectée rapidement.
Croiser les données avec un rapport CarVertical international
Les services d’historique comme CarVertical recoupent des bases de données internationales regroupant sinistres, importations, ventes et relevés administratifs.
Ces rapports contiennent fréquemment le kilométrage à différentes dates et pays, rendant très difficile la dissimulation d’une fraude. Ces rapports sont fort utiles pour des voitures importées, achetées en Allemagne.
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Faire un diagnostic électronique pour repérer les incohérences
Un garagiste équipé d'une valise diagnostic peut :
- Lire les kilométrages stockés dans différents modules (ABS, airbags, ECU)
- Détecter les incohérences entre modules
- Repérer les traces de connexion OBD récente
Acheter une voiture trafiquée : risques réels pour l’acheteur
Un acheteur victime d’un compteur trafiqué risque une importante perte financière : la valeur réelle du véhicule est inférieure au prix payé.
Le véhicule peut présenter des défaillances mécaniques prématurées, ses frais d’entretien seront souvent plus élevés, et en cas de sinistre, l’assureur peut refuser d’indemniser si la fraude est découverte.
Sur le plan légal, la responsabilité pénale peut aussi être engagée si le véhicule est revendu sans signaler la triche.
Quels recours en cas de fraude au compteur kilométrique ?
Constituer un dossier solide : preuves et expertises
L’acheteur dispose de moyens d’action pour se protéger ou réparer le préjudice.
Après identification des preuves (factures contradictoires, rapports HistoVec, expertises, etc.), il peut demander soit une annulation de la vente avec restitution du prix, soit une réduction proportionnelle du montant payé.
Il est essentiel de rassembler les éléments montrant que le kilométrage a été manipulé avant la vente.
Tenter une résolution amiable avec le vendeur
La première étape consiste à informer le vendeur de la découverte de la magouille et à tenter une résolution à l’amiable.
Cette démarche passe par une lettre recommandée avec accusé de réception, où sont exposées les preuves et la demande (remboursement total ou partiel, reprise du véhicule ou indemnisation).
Un règlement amiable peut être rapide si le vendeur reconnaît la manipulation, notamment face à des preuves irréfutables.
Si vous disposez d'une assurance de protection juridique (vérifiez les garanties souscrites avec votre assurance auto), demandez de l'aide pour la rédaction juridique.
Engager une action en justice : civil et pénal
Si la solution amiable échoue, il convient de saisir la justice :
- Au civil, il est possible d’agir sur le fondement du dol (tromperie) ou du manquement à l’obligation de délivrance conforme pour obtenir l’annulation de la vente ou une diminution de prix.
- Au pénal, faire un dépôt de plainte pour escroquerie ou falsification selon le contexte (notamment contre un professionnel). L’intervention d’un avocat spécialisé est conseillée pour préparer le dossier et défendre les intérêts de l’acheteur.
Délais légaux et fondements juridiques pour agir rapidement
Sur le plan civil (article 1604 Code civil ou action en vices cachés), le délai de prescription est généralement de 5 ans après l’achat du véhicule.
Pour engager une action pénale, le délai varie mais, pour tromperie contre un professionnel, il est de 2 ans à compter de la découverte de la fraude (article L213-1 du Code de la consommation).
Il est donc important d’agir sans tarder dès la découverte de l’arnaque pour préserver ses droits et maximiser les chances d’obtenir gain de cause.








